RDC: l’informateur, la clef d’une nouvelle majorité présidentielle

La crise entre Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila et Cap pour le Changement (Cach) de Félix Tshisekedi se durcit. Après trois semaines de consultations, le président a annoncé ce dimanche 6 décembre la nomination prochaine d’un nouvel informateur pour parvenir à créer une nouvelle majorité à l’Assemblée. Le Parlement va, une fois de plus, être le théâtre de cette guerre de tranchées entre les deux plateformes qui composaient jusque-là la coalition au pouvoir.
Dans son discours, Félix Tshisekedi a expliqué que l’informateur serait chargé d’identifier une nouvelle coalition constituant une majorité absolue au sein de l’Assemblée nationale. La nouvelle coalition, si elle arrive à se former, permettra de mettre sur pied un nouveau gouvernement.
Cet informateur peut même devenir le prochain Premier ministre. Ce fut le cas avec Antoine Gizenga en 2006. Le contraire peut également se produire : le député Charles Mwando Nsimba avait été désigné informateur par Joseph Kabila en 2012, sans être devenu plus tard chef du gouvernement. Pour les deux exemples, le choix avait été fait notamment sur la base de l’expérience et de la proximité politique avec l’ancien chef de l’État.
À ce stade, des noms circulent, comme celui de Samy Badibanga, ancien Premier ministre, ancien président du groupe parlementaire de l’UDPS et actuellement premier vice-président du Sénat. Il y a aussi le nom de l’ancien gouverneur Moïse Katumbi qui était parmi les deux leaders de Lamuka à être reçus par Félix Tshisekedi.
Selon la Constitution, la mission d’information est de trente jours renouvelable une seule fois. Concrètement, il est possible que cette situation floue dure jusqu’au mois de février, mais les proches de Félix Tshisekedi rapportent que l’informateur pourra être désigné dès cette semaine. L’enjeu est de taille : il faut désormais faire complètement basculer la majorité qui jusque-là était contrôlée par Joseph Kabila.
De nouvelles élections envisageables
La bataille sera dure, mais l’entourage du chef de l’État se veut optimiste. « Avec la dynamique actuelle, c’est possible d’obtenir la majorité », a confié un conseiller de Félix Tshisekedi. Les opposants Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi ont clairement apporté leur soutien au président de la République. Là où Adolphe Muzito et Martin Fayulu se disent non concernés.
Ces dernières semaines, dans cette Assemblée nationale composée de 500 députés, et dominée jusque-là par les pro-Kabila, des défections ont été rapportées. D’autres promesses auraient été faites, mais elles ne sont pas encore effectives. « Certains d’entre eux l’ont fait sans se dévoiler en public », explique un conseiller de Félix Tshisekedi. Il manquerait encore quelques dizaines de députés pour faire basculer la majorité. Du côté de Joseph Kabila, on ne baisse pas les armes. Après avoir accusé Cach « d’acheter les députés » pour former cette majorité, le FCC se réserve le droit de saisir la justice.
Si finalement, il n’obtient pas cette majorité, l’actuel chef de l’État n’exclut pas de recourir à des élections anticipées. Il se réserve le droit d’user « des prérogatives constitutionnelles qui lui sont reconnues », pour revenir vers le peuple et demander une majorité, a-t-il expliqué.
(rfi)