Qui a deposé la candidature de l’Ex-Préfet? et Pourquoi?

Dans un entretien accordé au confrère Afriksoir ce mardi 1er septembre 2020, Daniel Sio Ninsemon. Il s’agit du jeune homme qui a déposé la candidature de l’ex-préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi Irié, à la présidentielle d’octobre 2020, au siège de la Commission électorale indépendante (CEI), dans la nuit du lundi 31 août 2020. Il est revenu sur les motivations et l’enjeu de cette candidature.
Voici l’entretien en question :
Qu’est-ce qui a motivé le dépôt de la candidature de l’ex-préfet d’Abidjan, Vincent Toh BI Irié
D’entrée de jeu, je voudrais préciser que ce qui a motivé cette candidature, c’est d’abord le besoin de la jeunesse de renouveler la classe politique, d’avoir une nouvelle génération de politiciens, une génération d’hommes et de femmes de vision, une génération de personnes en qui nous pourrions confier notre destin, c’est-à-dire celui de notre pays. Nous ne voulons plus de cette génération de politiciens qui ont plongé le pays dans le gouffre, dans le tumulte, dans la violence et dans tout ce que nous avons été témoins. Aujourd’hui, il est important pour nous, en tant que jeune leader de la Société civile, de nous mettre en avant solidairement pour porter à la Magistrature suprême un candidat qui pourra par l’adhésion de tous les citoyens rassembler les Ivoiriens dans un esprit, de cohésion pour le développement de ce pays.
Pourquoi avoir attendu au dernier moment pour faire acte de candidature ?
Je pense que tant que nous étions dans le délai, il n’y avait pas de jours pour déposer un dossier de candidature. On pouvait le faire à tout moment. Et c’est ce que nous avons fait. Pour nous, on avait jusqu’au 31 août 2020, à minuit. Il y a beaucoup de candidats qui sont venus à la dernière minute. Il y a même d’autres comme Gnamien Konan qui sont venus déposer les dossiers à la surprise générale
Quels sont les dossiers que vous avez déposé pour le compte du candidat Vincent Toh Bi Irié ?
Nous avons déposé certains dossiers. Ceux qui manquaient, nous les avons signifiés à la Commission électorale que cela se fera dans les délais circonscrits. Je pense qu’on a fait ce qu’il fallait faire. Il appartient au Conseil constitutionnel de décider de la validation du dossier de notre candidat une fois les dossiers sont acheminés à la CEI.
Pouvons-nous avoir une idée des dossiers manquants ?
Je pense que cela relève de l’équipe de la candidature bien entendu avec l’accord de notre candidat. Pour l’heure, nous n’avons pas communiqué sur une quelconque fiche officielle. Il y a eu tellement de fakenews. Il est important pour nous tous d’être prudents. Nous avons dit qu’il y a un certain nombre de dossiers qui devrait être complété jusqu’au délai de minuit, parce qu’on a eu à rencontrer certaines difficultés dans des mairies.
Des conseillers municipaux ont refusé de signer la légalisation de certains documents, sous prétexte que c’est l’ex-préfet d’Abidjan, ils ne pouvaient pas prendre la responsabilité de légaliser nos documents, malgré les différentes démarches que nous avons entamées, malgré tous les éléments en notre possession qui étaient complets. On a été opposé à plusieurs refus dans plusieurs communes.
Cela a été pour nous une grande surprise en même temps une grosse déception de voir que pour une simple candidature, déjà au niveau de la légalisation des dossiers, on nous fait des difficultés (…). C’est tout cela qui nous amène à revoir le jeu politique en Côte d’Ivoire. Pour nous, le jeu politique doit s’assainir avec des acteurs qui peuvent inspirer la confiance et un climat apaisé et non un climat de terreur et d’Etat policier.
Avez-vous rencontré votre candidat après avoir déposé sa candidature ? Si oui, ne trouvez pas vous intrigant que le concerné lui-même n’en parle pas, alors qu’on sait qu’il est très présent sous la toile ?
Nous sommes en contact. Le candidat se porte très bien et est en lieu sûr. Dans les heures ou jours qui suivent, il réagira.
D’aucuns disent que cette candidature a été orchestrée par certaines personnes qui voudraient nuire à l’ex-préfet d’Abidjan. Quel est votre commentaire ?
Cette candidature ne fait aucunement l’objet d’une tentative de nuire à l’ex-préfet d’Abidjan. Elle ne s’inscrit pas dans un plan commun ou dans un schéma particulier. Cette candidature est l’aspiration de plusieurs jeunes leaders de la Société civile ivoirienne dont je suis le porte-parole. C’est une candidature que nous avons demandé à l’ex-préfet d’Abidjan de se porter candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020, en tant qu’indépendant pour le compte de la Société civile.
Et donc cette candidature ne s’inscrit pas dans un schéma de parti au pouvoir. J’ai vu beaucoup de choses qui se sont racontées et j’ai été surpris de l’imagination de certains cyberactivistes qui font parler de la science fiction plutôt que de la réalité. Je vous confirme que cette candidature a été suscitée par des jeunes leaders de la société civile, parce qu’à un moment donné, on ne peut pas se laisser être pris en otage par des groupements politiques qui ne font que déchirer le pays et ne font que régner dans la terreur. Nous avons décidé de croire à un candidat qui n’est pas marqué politiquement, mais qui par son expérience professionnelle inspire la confiance aux Ivoiriens.
Pourtant certains vous reprochent d’être proche du RHDP, le parti au pouvoir. Que répondez vous à ces accusations ?
Je ne suis certes pas connu pour certains, comme je suis connu pour beaucoup d’hommes. J’ai été président de la Jeunesse estudiantine de Yopougon de 2011 à 2014, j’ai été président de la Jeunesse estudiantine de Côte d’Ivoire (JECI) de 2014 à 2017, avant de rentrer dans l’administration et être président de la Mutuelle des agents des Finances du Bas-Sassandra. C’est pour vous dire que j’ai aussi un parcours en tant que leader de jeunesse estudiantine (…).
Je ne suis pas un proche du pouvoir. Ma photo avec le Premier ministre avec Hamed Bakayoko s’inscrivait dans l’exercice de ma présidence à la tête de la JECI. En tant que leader de la société civile et leader de jeunesse dans ma région, le Cavally, j’ai apporté mon soutien à des candidats par rapport à leurs programmes et non à des partis politiques. Je ne suis pas militant du RHDP, je suis de la Société civile.
A quel moment vous l’avez sollicité pour qu’il soit votre candidat à cette élection ?
Cela s’est fait dès l’entame de l’ouverture du dépôt des dossiers de candidature, nous l’avons approché, échangé avec lui et nous l’avons dit clairement qu’on souhaiterait qu’il se porte candidat (…) il était quand même dubitatif, mais en même temps il était réceptif. C’est ainsi que nous avons pris contact pour que cela soit fait.
Pourquoi insister sur cette candidature, alors que vous êtes sans ignorer que l’article 50 du code électoral n’élimine de facto ?
Je pense que depuis 2000, dans ce pays, nous faisons l’exception de beaucoup de candidatures. Si nous voulons regarder et observer selon les règles, il y a assez de candidats et non des moindres qui ne devraient pas aller se présenter à la CEI. Pour nous, il était important de poser cet acte symbolique. Il reviendra au Conseil constitutionnel d’en tirer les conséquences.
Que doivent retenir les Ivoiriens à travers cette candidature de l’ex-préfet d’Abidjan ?
Ce que les Ivoiriens doivent retenir, c’est que nous sommes loin d’un jeu de plaisanterie et d’usurpation. On ne peut pas se lever un beau matin et se procurer des documents administratifs d’un administrateur civil et se présenter au siège de la CEI pour les déposer. Nous l’avons pas fait tout cela sans avoir informé ni avisé le candidat lui-même. Il est bien informé de la procédure que nous avons entamée, il est informé du dépôt de dossier, il est informé de tout ce qui se passe.
Je voudrais en même temps lancer un message à la jeunesse ivoirienne. Il est temps pour nous de nous démarquer, de sortir de tous ces clivages politiques qui déchirent le pays et de porter nos aspirations en faisant le choix d’un candidat qui peut nous rassembler et nous apporter une nouvelle offre politique. En même temps nous disons à Monsieur Vincent Toh Bi Irié de lancer le mouvement citoyen qui permettra l’adhésion de tous les citoyens pour une Cote d’Ivoire unie, rassemblée et prospère.
(Source : Afriksoir)