Quelle est la nouvelle variante du virus identifiée en Afrique du Sud ?

La variante 501Y.V2 (ou 501.V2) du Covid-19 a été découverte pour la première fois en octobre dernier en Afrique du Sud. Elle a été identifiée par une équipe de chercheurs sud-africains et signalée par l’Organisation Mondiale de la Santé. Puis, elle a été repérée dans quelques autres pays du monde, dont récemment, la France.
Avec cette variante, le virus affecte toujours les mêmes cellules du corps et provoque la maladie de la même manière. “Cela contredit un peu les virologues qui disaient que ce virus ne mutait pas beaucoup. On est un peu dans l’imprévisible et on est surpris” estime la Pre Anne-Claude Crémieux, professeure de maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Louis à Paris et membre de l’Académie nationale de Médecine.
“Le SARS-CoV-2 comme tous les autres virus, mute comme un processus naturel”, informe de son côté le virologue Tulio de Oliveira, à la tête du laboratoire sud-africain Kwazulu-Natal Research Innovation and Sequencing ( Krisp). “Des travaux sont en cours pour comprendre l’effet de ces mutations sur le comportement du virus et la réponse de notre corps à celui-ci – en particulier si cela permet au virus de se propager plus facilement, s’il peut conduire à un Covid-19 plus grave et si le virus peut échapper à notre réponse immunitaire”, enchaîne-t-il. “Il n’y a aucune raison de penser que les types de symptômes que vous ressentez seront différents. Les patients présenteront vraisemblablement le même spectre de symptômes qu’auparavant. Reste à savoir si la gravité globale sera différente”.
Une similarité avec la variante du Royaume-Uni
Les deux variantes identifiées au Royaume-Uni et en Afrique du Sud ne sont pas les mêmes. “La variante en Afrique du Sud peut donner l’impression d’être la même que celle qui a été mise en évidence en Grande-Bretagne parce que ses mutations sont semblables, mais elle est différente” a assuré l’épidémiologiste américaine Maria Van Kerkhove, responsable du dossier Covid-19 à l’ OMS, le 21 décembre 2020. Des recherches sont actuellement menées en Afrique du Sud pour en savoir plus.
Ces deux variantes présentent toutefois plusieurs mutations dont une en commun, nommée N501Y, qui est au centre de l’attention. Elle se situe sur la protéine spike du coronavirus, une pointe à sa surface qui lui permet de s’attacher au récepteur ACE2 des cellules humaines pour les pénétrer et joue ainsi un rôle clé dans l’infection virale. “Il n’y a pas de relation clairement établie entre l’attachement à l’ACE2 et une transmissibilité accrue, mais il est plausible qu’une telle relation existe”, estime le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).
Une variante plus contagieuse ?
“Ce variant a la capacité apparente de se propager plus rapidement” informe à Doctissimo la Pre. Anne-Claude Crémieux. “Mais à ma connaissance, il n’y a pas de données précises au contraire du variant anglais. Tout ce que l’on sait, c’est qu’il a pris rapidement l’ascendant sur les autres souches virales”.
Les résultats préliminaires concernant la variante sud-africaine font en effet état d’une plus forte transmissibilité. Le virologue Tulio de Oliveira a indiqué que 501.V2 “a commencé à dominer très rapidement les échantillons séquencés“ en Afrique du sud. “Nous n’avions jamais vu une seule lignée dominer ainsi” ni “se répandre aussi vite”. “Mi-novembre, le variant 501.V2 représentait 90 % des génomes séquencés par les scientifiques sud-africains”, informe Le Monde. L’Afrique du Sud est devenue le premier pays africain à dépasser le million d’infections.
“La sévérité ne semble pas plus importante” informe la Pre. Anne-Claude Crémieux. “Il n’y a aucune information sur le fait que les infections par ces souches soient plus graves”, note l’ECDC, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies.
(Source : Doctossimo)