L’handicap nʼest pas une fatalité

Madame Sawadogo. Génitrice de S. G, enfant en situation de handicaps multiples, elle raconte avec émotion son vécu quotidien et les difficultés rencontrées ca étant seul à sʼoccuper de son unique fils.
Saturnin Gali est né le 4 avril 2004 à Manga. Sa génitrice raconte quʼà sa naissance, il nʼa pas fait signe de vie comme il se devrait, et, il a fallu 7 minutes à la sage femme pour le réanimer. Cause de son état actuel ? Dame Marguerite dit ne rien en savoir jusque là. « Le lendemain de ma délivrance, Saturnin sʼest évanoui et avec lʼaide dʼautres infirmiers, il est revenu à la vie. Suite à cela, les infirmiers mʼont prescrit des ordonnances et nʼayant personne à coté, jʼai négocié avec lʼambulance qui allait à Ouagadougou pour avoir les produits .
Notons aussi quʼil pleurait à chaque fois quʼil urinait parce quʼune poche retenait lʼurine et cʼest ainsi que je lʼai fait circoncire. Une semaine après, je quittais lʼhôpital et les gens me souhaitaient beaucoup de courage vu lʼétat de mon enfant. A 6 mois, il nʼarrivait toujours pas à tenir sa tête de lui-même » a t-elle expliqué. Elle nʼa cessé de faire le tour des hôpitaux et lieux de prières et guérison, dans lʼespoir de voir son enfant trouver lʼusage des membres et de la parole comme tous les autres enfants nʼétant pas en situation de handicap.
De la pédiatrie Charles De gaule à Ouagadougou en passant par les guérisseurs, peine perdue dʼaprès Mme Sawadogo. Elle sʼest alors résignée à accepter sa situation. Ce qui lʼa tourmente, ce sont les accusations portées contre elle : « Les gens disent que je suis une sorcière et que jʼai vendu mon enfant dans cette pratique. A ma vue, vieilles personnes et enfants prennent la fuite.
Cʼest un véritable poids pour moi mais je nʼécoute personne, mon objectif nʼest pas dʼabandonner mon enfant, il est mon unique fils mais jʼai des autres filles qui sont ses aînées. Je ne sait dʼoù ce problème est venu mais si cʼest la volonté de Dieu, je lʼaccepte ». Elle affirme que plusieurs personnes lui ont proposé dʼen finir avec la vie de son enfant mais, elle reste catégorique sur sa décision. Soulignons que le géniteur a disparu depuis la naissance de Saturnin, laissant toutes les charges à son épouse. Lorsque lʼécole Catholique de Manga a ouvert une école pour les enfants vivant avec un handicap, Saturnin, « avec son accord » a été inscrit.
Lʼobjectif pour sa mère était de le mettre en contact avec dʼautres enfants dans une situation similaire ou pire parfois, afin quʼil ne se sente pas seul : « Au début, il était très content et quand il rentrait le soir, il mʼexpliquait par des signes ce quʼil avait fait à lʼécole. A la quatrième année de classe transitoire, jʼai commencé à lui apprendre lʼalphabet français en épelant.
Au fur et à mesure que jʼépelais une lettre, il arrivait à me la montrer et en une semaine il connaissait les 26 lettres. Étant donné que son problème est moteur, il ne peut pas écrire mais il retient bien. Après avoir obtenu lʼaide de Light for the world, je ne payais plus sa scolarité et cʼest eux qui prenait tout en charge ». Cependant, étant en classe de CE1, Saturnin décida un jour dʼarrêter lʼécole. Comme explication, la monitrice sʼoccuperait des 75 autres élèves dans la classe sauf lui. Comme condition de reprise des cours, il demanda à sa mère de faire la remarque à cette dernière. Mais une semaine après, lʼarrêt fut dʼinfinitif jusquʼà nos jours. Ainsi, sa mère a préféré ne pas lʼobliger à reprendre la route de lʼécole.
Elle sʼexplique : « Si je lʼai amené à lʼécole cʼest pour quʼil sache quʼil y a des enfants comme lui ou même dans des situations pires que la sienne et pour quʼil accepte sa situation de vie. Personne ne peut imaginer la douleur des enfants vivant dans cette situation. Parfois je le surprends entrain de pleurer, quand je lui demande ce quʼil a, il me dit quʼil préfère mourir mais jʼessaie toujours de lui remonter le morale ».
Même si son fils refuse de retourner sur les bancs, elle garde espoir et dit ne jamais lʼabandonner. Elle appelle les parents vivant une situation similaire à la sienne à faire de même car « le handicap nʼest pas une fatalité ».
(Source :News) Aouaga
Yattara Aïcha Mohamed