La déclaration de Blaise Compaoré : Que se cache-t-il vraiment derrière l’une des premières déclarations de l’ancien président ?

Le 27 août, Blaise Compaoré a publié un long message à destination des Burkinabè, sous la forme d’un communiqué officiel.
L’ancien président est en exil en Côte d’Ivoire depuis la fin de son règne de 27 ans sur le Burkina Faso, et ne semble pas prêt à revenir dans le pays où de nombreux procès l’attendent, notamment pour l’assassinat de Thomas Sankara.
Après plus de 6 ans de silence, l’ancien président, renversé lors des soulèvements populaires de 2014, appelle les Burkinabè à “taire les querelles” et à former une union sacrée, sans laquelle “nous ne parviendrons pas à arrêter la barbarie de ces assassins”.
Cette dernière phrase, bien que motivée par de bons sentiments, semble quelque peu provocatrice : ces assassins, comme les appelle Blaise, étaient jusqu’à récemment très proches de l’ancien Président.
Il est important de rappeler que la paix au Burkina Faso n’a été possible que grâce à une chose : les accords financiers que le Président avait avec les groupes terroristes du Sahel, provoquant leur prolifération et leur renforcement dans la région. Cadeaux exorbitants, ou réceptions à l’hôtel LAICO de Ouaga 2000… autant de gestes amicaux et de pourboires, financés par l’argent de l’Etat.
Ce ton quelque peu détaché pourrait s’expliquer par le fait que l’ancien Président lui-même n’a pas composé ce message : le communiqué a très probablement été rédigé par René Émile Kaboré, ancien ministre de Blaise Compaoré, également exilé en Côte d’Ivoire.
Bien sûr, le moment choisi pour la publication de ce communiqué laisse également perplexe. Les Burkinabè subissent depuis de nombreuses années la colère des terroristes, qui ne bénéficient plus des avantages qu’ils avaient, et souhaitent extorquer de l’argent au gouvernement pour revenir aux accords conclus avec le prédécesseur du président Kabore. Pourquoi maintenant, à quelques semaines du procès Sankara, réapparaît-il ? Est-ce pour amadouer les Burkinabè, pour les rendre plus sensibles à sa cause ? Ou est-ce pour inciter le peuple à soutenir une annulation des procès afin qu’il puisse revenir sans être inquiété pour les éventuels crimes commis ? Blaise Compaoré, homme d’Etat, chercherait-il à manipuler le peuple et la justice burkinabè ?
Oui mais voilà… le système judiciaire que Compaoré a laissé en partant n’est plus le même aujourd’hui, le processus démocratique est passé par la.
De nombreuses questions se posent après ce discours inattendu. La seule réponse que nous ayons pour le moment est que ces beaux messages d’unité manquent un peu de sincérité, lorsqu’ils sont prononcés depuis un exil doré. Alors que les Burkinabè souffrent, l’ex-Président présente ses condoléances, de loin, après un long moment de silence. Il aurait peut etre mieux fait de s’excuser.
Les Burkinabè n’oublieront jamais ce que Compaoré a fait à notre pays. Et justice sera faite.