Elections législatives 2020 : le Burkina Faso vers une prorogation du mandat des députés ou une nouvelle crise ?

Les députés après leur rencontre à huis clos du 06 juillet 2020 ont proposé de découpler les élections et d’appliquer l’articles 81 de la constitution.
Ce dernier leur permet en cas de force majeure de proroger leur mandat pour une durée maximum d’un (01) an. Cependant les Burkinabès sont extrêmement sensibles quand on parle de « constitution ».
Les députés ont profondément analysé la situation actuelle du Burkina Faso et ont proposé à l’unanimité d’appliquer l’article 81 qui dispose que « la durée du mandat est de cinq ans pour les députés et de six ans pour les sénateurs.
Toute fois par dérogation à l’alinéa ci-dessus et en cas de force majeure ou de nécessité exprimée par le gouvernement et reconnue par le parlement à la majorité absolue des voix des membres composant le parlement, la durée de la législature peut être prorogée jusqu’à la validation du mandat des députés ou des sénateurs de la nouvelle législature. Cette prorogation ne saurait dépasser une durée d’un an. La présente modification s’applique à la législature en cours ». Ils estiment que seulement soixante-quinze (75) députés sur l’ensemble des cent vingt-sept (127) pourront battre campagne. Pour démontrer la pertinence de leur proposition un député d’une zone victime des attaques terroristes dit « les populations rencontrées sur le terrain et les religieux demandent plus de sécurité avant d’aller aux élections ». Il continue en ces termes « vous savez, le député a un mandat national, mais son élection est locale.
Déjà cinquante et deux (52) députés sur le total des cent vingt-sept (127) élus nationaux ne peuvent pas battre campagne dans leurs fiefs, à cause de l’insécurité. Ils sont même recherchés par les groupes armés. Au même moment, les populations ne peuvent pas voter alors que la loi dit qu’on est tous électeurs et éligibles ». Pour un tiers burkinabé, les députés ne donnent pas les vraies raisons de leur proposition.
Il avance que « les députés ont une intention cachée car depuis 2015 les attaques terroristes sévissent au Burkina Faso et c’est maintenant, à quelques mois de la fin de leur mandat qu’ils se sont rappelés du peuple ». Aussi, pour se convaincre de sa position, il termine en ces mots « est ce qu’ils sont sûrs d’améliorer la situation sécuritaire d’ici 2021 ? » Aïcha Mohamed Yattara.
Par Aïcha Ytarra