Eddie Komboïgo vs. Amidou Nikiema pour Canal +

“C’est un beau roman, c’est une belle histoire…”
Cette chanson aurait du être le leitmotiv de la relation entre deux hommes qui s’aimaient hier et se detestent aujourd’hui.
Pour rappel, en 1994, Canal + commencait déjà à installer ses bouquets au Burkina Faso. La chaîne a accueilli à bras ouverts la proposition d’un salarié, nommé Amidou Nikiema, dont le sujet était de lancer sa propre activité de distribution de bouquetsen 2014.
Eddie Komboïgo, dit-on, “tentacula” alors de cette chaîne, lorsque Amidou Nikiema pris la décision de s’associer à ce dernier après une promesse d’investissement de 329 millions de FCFA dans la société créée pour l’occasion, ProSat.Las.
En 2016 Canal+ a résilié le contrat de ProSat, n’ayant toujours pas d’abonné et a accepté en 2017 de dédommager la société à hauteur de 92 millions de FCFA, en équivalence des sommes déjà dépensées.
Mais, ne pouvant se résoudre à rester en accord avec cette décision, Eddie Komboïgo remis une lettre à Canal+, lui réclamant 7,5 milliards de FCFA d’indemnités. Le directeur général Afrique de Canal + avait alors exprimé le regret d’être “tombé dans un piège en voulant sortir proprement de cette affaire avec un accord à l’amiable. Ensuite nous avons subi sans pouvoir à aucun moment faire valoir nos arguments”.
D’après les avocats de Canal +, M. Komboïgo aurait assuré à M. Nikiema, associé d’alors dans ProSat que “Le blanc se fout de nous. Suis-moi, on va gagner 1 milliard. Je t’explique, je vais payer le juge, l’avocat de Canal.”
En 2019, Canal+ a été l’objet de plus de vingt saisies pour un montant de 3,7 milliards de francs FCFA, soit 5,6 M d’euros dans les entrepôts, où sont stockés ses entrepôts ainsi que des saisies sur la totalité de ses comptes bancaires. Cette année 2019 a depuis, instauré un climat de terreur au sein des salariés de Canal + qui n’ont qu’une crainte : se rendre au bureau et vivre à nouveau l’épisode terrible et traumatisant du 23 mai 2019.
Ce jour-là restera gravé dans l’esprit du peuple Faso. Un huissier de justice avait débarqué dans les locaux Canal+. La visite loin d’être courtoise, des gendarmes armés de kalachnikovs et des civils arborant un tee-shirt appelant à “voter pour le CDP” avec pour candidat à l’élection présidentielle de novembre est Eddie Komboïgo. Le commando s’était rendu au cinquième étage et avait pillé tout ce que les bureaux pouvaient contenir (ordinateurs, chaises et imprimantes).
Cet épisode a levé un bon nombre de questions dont la majorité reliait Eddie Komboïgo à l’huissier.
Effectivement, ce dernier se retrouve accusé d’avoir payé un “faux huissier”. Selon Canal+, Eddie Komboïgo aurait puisé dans les comptes de ProSat à des fins personnelles tout en détournant plus de 1 millions d’euros versé par la filiale burkinabé et une sorte d’instrumentalisation de celle-ci, soupçonnant Eddie Komboïgo d’avoir aussi corrompu des juges.
Une question reste sur le bout des lèvres des burkinabé : Pourquoi Eddie Komboïgo, à six mois des élections présidentielles, ne peut pas accepter le combat gentleman, en toute transparence. A chaque difficulté, il est vrai que notre camarade préfère sortir, d’après la majorité du peuple, l”‘argent de sa poche, plutôt que les mots de sa bouche”.
Par Renée Traoré