Burkina Fao : la CADDL dénonce une mauvaise gestion du foncier

La Coalition des Associations pour la Défense du Droit au Logement (CADDL) a tenu une conférence de presse ce mardi 25 août 2020 pour donner une lecture sur la dernière sortie du gouvernement et de dénoncer toutes les manœuvres en cours pour mettre sous boisseau, les justes et légitimes revendications des gens du peuple en matière de logement.
La CADDL avait tenu une conférence de presse à la Bourse du Travail le 18 juin 2020 pour dresser le bilan de leur plateforme revendicative et de la lutte organisée en appuis. Les autorités gouvernementales ont fait une sortie médiatique pour annoncer une série de mesures concernant le foncier dans des villes de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso. Ces mesures sont entre autres la promesse de lever la suspension des opérations de lotissement dans les deux villes, la décision de procéder à des restructurations des zones non loties avec comme zone pilote, la réduction des superficies des parcelles à 150 m², le déguerpissement dans des zones inondables,etc . Dans le même temps, les populations les plus pauvres font l’objet d’expulsion en ces temps de pluies.
En novembre 2018, le gouvernement par la voix du Ministre de l’habitat, M. Dieudonné Maurice Bonnanet a annoncé, et ce, après l’expérience des premières commissions ad ’hoc chargées d’apurer le passif foncier, la mise en place de nouvelles commissions ad ‘hoc dans dix (10) arrondissements de la ville de Ouagadougou et sept (7) autres de la ville de Bobo Dioulasso. << apurer le passif foncier urbain dans ces deux villes étaient le préalable à la levée de la suspension des opérations de lotissement, ce qui était en phase avec nos revendications sur l’apurement du passif et la nécessité de réaliser des audits sérieux préalablement à toutes reprise de lotissement >> affirme le secrétaire général monsieur NEBIE Pama. Tirant leçon de l’expérience des premières commissions et du rôle de faire-valoir assigné à la société civile, la CADDL a pris la juste décision de ne point envoyer des représentants pour cautionner cette nouvelle politique dont l’objectif était de ternir leur image en les rendant comptable d’une forfaiture inacceptable pour les populations.
Au lieu de faire la lumière à travers des audits sérieux pour rendre justice aux centaines de milliers de populations injustement brimées dans les opérations de lotissements << on assiste plutôt à des expulsions orchestrées manu militari dans les zones litigieuses, à des tracasseries policières et parfois à des cabales judiciaires dont l’objectif est vaincre les capacités de résidence des victimes qui s’organisent pour lutter>>,tel est le quotidien de milliers de résidents des zones litigieuses confirme monsieur NEBIE Pama.
Dans bien des arrondissements de la ville de Ouagadougou, les autorités se livrent à la vente des réserves et des lotissements déguisés sont organisés en dépit de la suspension des lotissements à Ouagadougou. Selon le conférencier (je cite) << cette forfaiture est organisée à différents niveaux de la sphère administrative et politique avec parfois pour effets de se construire une base électorale et une fortune de guerre politique pour la sauvegarde ou la conquête du pouvoir>>. Les populations pauvres font l’objet de persécution dans certains terrains des zones non lotis de Ouagadougou où elles vivent depuis des dizaines d’années. Les autorités menacent de déguerpir les populations vivantes dans les zones inondables. Pourtant les zones et bandes inondables déclarées inconstructibles après les inondations du 1er septembre 2009 sont actuellement morcelées et vendues par les maires aux riches. Le gouvernement ferme les yeux et reste silencieux concernant les revendications sur la promotion immobilière. << Pourtant il n’est un secret pour personne que les sociétés immobilières ne sont que de véritables pieuvres qui jettent aveuglément leurs tentacules sur le foncier urbain et rural, ignorant qu’elles manipulent là une bombe sociale>> affirme le secrétaire général.
Les autorités envisagent de procéder à des restructurations avec à la clé une réduction des superficies des parcelles à cent cinquante (150) mètres carrés. Cette attitude est de confiner les populations pauvres dans des espaces réduits alors que les promoteurs immobiliers s’accaparent de grandes superficies de terrain. Selon le conférencier,<< on perçoit clairement à travers cette politique foncière que pour le gouvernement MPP et alliés, les sociétés immobilières agissent sous son aile protectrice et les riches ont droit à de vastes terrains pour spéculer et s’enrichir tandis que les pauvres devront accepter d’être entassés dans des parcelles de plus en plus réduites>>. EN effet de 300,400 à 600 m² pour les premiers lotissements, elles sont aujourd’hui réduites à 150 m². Le gouvernement place au cœur de sa politique de gestion du foncier les promoteurs immobiliers.
Face à cette situation, la CADDL :
_ réaffirme sa revendication d’audits sérieux sur les opérations de lotissements passées et d’apurement du passif foncier avant la levée de la suspension des opérations de lotissement.
_ exige une relecture de la loi portant RAF du juillet 2012 pour la débarrasser de ses dispositions impopulaires.
_ dénonce le pillage des fonciers organisés par les autorités et leurs sociétés immobilières et les tient pour responsables de toute dégradation du climat social dans les zones litigieuses ou les populations réclament la lumière et la justice sur les lotissements passés.
_ appel à l’ensemble des populations victimes de pillage à s’organiser et à résister de façon active à la prédation digne d’une époque révolue.
_ appelle les populations de Ouagadougou à soutenir la juste lutte des populations victimes de la politique foncière de classe du pouvoir MPP et alliés.
_ appelle enfin ses membres ainsi que les populations des zones litigieuses et des zones non loties à faire preuve de vigilance face aux vendeuses d’illusions électoralistes, préoccupés par leurs intérêts et qui ont fini de nous montrer qu’ils ne viennent à nous qu’à l’approche des élections.
Le bureau de la CADDL
Par ILBOUDO Théodore