3e mandat de Ouattara, Macron clôt le débat : « Il s’est présenté par devoir absolu »

Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le président français est revenu sur le troisième mandat très controversé d’Alassane Ouattara. Selon lui, le président ivoirien n’avait pas le choix.
Le 5 mars dernier, devant sénateurs et députés réunis à Yamoussoukro, Alassane Ouattara a annoncé son intention de ne pas briguer un troisième mandat et de laisser la place à la nouvelle génération.
Emmanuel Macron s’était empressé de saluer l’annonce de retrait du Président Ouattara de la course à la présidentielle pour un 3e mandat.
“Je salue la décision historique du président Alassane Ouattara, homme de parole et homme d’État, de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle“, avait tweeté le Président français.
Mais le chef de l’Etat a fait volte-face, après le décès d’Amadou Gon Coulibaly et s’est porté candidat à la présidentielle du 31 octobre 2020.
L’élection du 31 octobre a consacré la réélection d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat. Dans un courrier en date du 11 novembre, Emmanuel Macron a adressé ses félicitations à son homologue ivoirien : « À la suite de la confirmation par le Conseil constitutionnel de votre réélection à la Présidence de la République de Côte d’Ivoire, je tenais à vous féliciter et à vous transmettre, ainsi qu’au peuple de Côte d’Ivoire, tous mes vœux de succès », avait-il écrit dans cette lettre qui continue d’être sujet à polémique.
Emmanuel Macron a accordé une interview à Jeune Afrique. Interrogé sur la candidature de Ouattara par le confrère, le locataire de l’Élysée pense que le président du RHDP s’est présenté à la présidentielle du 31 octobre dernier par devoir absolu.
« Je pense vraiment qu’il s’est présenté par devoir. Dans l’absolu, j’aurais préféré qu’il y ait une autre solution, mais il n’y en avait pas », a fait savoir Macron avant d’inviter le président ivoirien, à « œuvrer pour la réconciliation, de faire les gestes, d’ici aux élections législatives, pour pacifier son pays » et à « se réconcilier avec les grandes figures de la politique ivoirienne », Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié.
Par ailleurs, dans son interview le président français, tout en évoquant le cas des dirigeants qui ont rempilé pour un 3e mandat, a insisté sur le renouvellement générationnel de la classe.
L’Europe demeure un espace de liberté dixit Guillaume Soro (Côte d’Ivoire)
Dans un entretien exclusif accordé au journal Jeune Afrique rendu publique ce samedi 20 Novembre, Emmanuel Macron affirmait que Guillaume Soro est déclaré persona non Grata sur le sol français. La réaction du concerné ne s’est fait pas attendre.
Dans une série de Tweet, Guillaume Soro a donné sa lecture de la situation. « J’ai lu les propos du Président Emmanuel Macron me concernant. Je ne les commenterai pas. L’Europe demeure un espace de liberté variable. Je continuerai à m’opposer au viol de la Constitution de mon pays de toutes mes forces », dit-il dans un de ses tweets.
Dans l’interview accordée à Jeune Afrique, Emmanuel Macron fait savoir que son pays la France ne servira pas de base pour des appels à la déstabilisation d’un autre pays. Ces paroles de M. Macron font allusion aux différents appels au soulèvement populaire et militaire lancés depuis la France par Guillaume Soro les jours précédents.
« […] Nous ne souhaitons pas qu’il mène des actions de déstabilisation depuis le sol français. Autant nous pouvons accueillir des combattants de la liberté et toute personne qui serait menacée chez elle, autant nous n’avons pas vocation à protéger des activistes qui cherchent à déstabiliser un pays », soutient Macron.
De son côté, l’ancien président de l’Assemblée Nationale a fait savoir : « Le déstabilisateur, c’est celui qui met les leaders politiques en prison. Qui fait décapiter un jeune ivoirien pour imposer la loi du canon et des milices. Tenez l’Afrique à Amnesty International pour défendre la cause des persécutés. Pas un mot pour les plus de 100 morts en Côte d’Ivoire. Ce sont des nègres. Bravo ! La stabilité de la Côte d’Ivoire ne réside pas dans le maintien d’un monarque au pouvoir. Le seul antidote à l’instabilité demeure la démocratie donc le respect de la Constitution ivoirienne. Personne ne m’obligera à admettre que Ouattara est dans son droit de violer la Constitution ».
Macron a précisé que Soro ne réside plus en France sans toutefois commenter, son pays d’accueil actuel.